La Rochelle : derniers coups de filet avant la grande vidange du canal de Marans
Au début de l’été, le canal de Marans sera vidé de son eau sur 8 kilomètres. Une première en France, qui nécessite au préalable de mettre à l’abri les poissons
L'équipe de la Fédération départementale de pêche en plein travail, mardi. Elle dispose d'un mois pour prélever un maximum de poissons avant que le canal soit mis à sec, du pont de Mouillepied aux écluses de Rompsay. (Dominique Jullian)
C’est l’heure du grand dérangement, comme diraient les Acadiens. Rien à voir pour autant avec une expulsion de masse, il s’agit ici au contraire de préserver une population, en l’occurrence les poissons, pour les mieux préserver. Brochets, tanches, gardons, perches, brèmes et autres black bass sont juste priés d’aller frayer ailleurs provisoirement, le temps de nettoyer leur cadre de vie.
Le vaste chantier de curage du canal de Marans (22 kilomètres) entrepris par le Conseil général de la Charente-Maritime, propriétaire du domaine public fluvial, arrive en effet aux portes de La Rochelle, à Rompsay. Le bon moment pour tenter une expérience « inédite en France », selon Caroline Robin, chargée de projet au service des espaces naturels sensibles du Département.
Envasement et egeria
« À partir de la fin du mois de juin, le canal sera mis à sec pour être curé sur 8 kilomètres, à partir du pont de Mouillepied, avant le tunnel Saint-Léonard, jusqu’aux écluses de Rompsay. Il a été décidé de vider entièrement cette partie du canal, car il y a deux gros soucis : l’envasement et l’egeria, une plante qui a envahi le canal. La meilleure manière de l’éradiquer, c’est de vider le canal », explique Caroline Robin.
Le curage du canal devrait durer de deux à trois mois cet été. D’ici là, le Conseil général a confié à la Fédération départementale de pêche la tâche d’évacuer les occupants à écailles. Partis le 18 mars de Mouillepied, les pêcheurs ont un mois pour prélever un maximum de poissons avec des filets, plus exactement de sennes, disposés à l’aide d’embarcations. Les poissons, placés dans des cuves, sont ensuite transportés en voiture en amont du canal, à Andilly, où le curage ne nécessite pas de mise à sec. « C’est la bonne période pour effectuer cette pêche de sauvegarde, car nous avons la “chance” d’avoir des températures assez basses. Quand il fait plus chaud, le taux d’oxygène est plus bas et, donc, le poisson plus fragile », indique Bruno Garcia, responsable de garderie de la Fédération départementale de pêche.
250 kilos de brochet
À ce jour, les coups de filet des pêcheurs ont permis d’évacuer deux tonnes de poissons blancs et 250 kilos de brochet. Sans compter les prises non concernées par l’opération. « Au niveau de Rompsay, on a trouvé des vélos, des scooters, des meubles, une télévision à écran plat et une caisse enregistreuse ! », sourit Bruno Garcia.
Après les travaux, quand l’eau coulera à nouveau dans le canal de Rompsay, la Fédération de pêche estime que les poissons recoloniseront progressivement les lieux, sans qu’il soit nécessaire de procéder à un lâcher. Cette opération de pêche de sauvegarde est payée à hauteur de 125 000 euros par le Conseil général, qui finance aussi le dévasage du canal (8 millions d’euros), les travaux de l’écluse d’Andilly (1 million d’euros) ou encore les plantations sur les berges, avec le soutien de l’Europe, de l’État, de l’Agence de l’eau et des collectivités locales (l’agglomération de La Rochelle et le Pays marandais).
La Rochelle
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