http://www.sudouest.fr/2011/06/18/le-ba ... 40-632.phpConseil général : Le barrage sans nom La sécheresse, les projets de « bassines », la détresse des agriculteurs ont alimenté hier le
(vif) débat d'ouverture de la session.
Et voilà que l'on reparle de réaliser ce fameux barrage qui alimenta les débats il y a dix ans,
avant d'être retoqué par le Conseil d'État. photo dominique jullian Une soixantaine d'agriculteurs ont fait le siège de l'hôtel du Département, hier matin, à
l'occasion de l'ouverture de la session du Conseil général. Ils voulaient être entendus par les
élus. La sécheresse, les interdictions d'irriguer, le manque de fourrage pour les bêtes,
l'inquiétude pour l'avenir : les raisons d'interpeller les décideurs étaient nombreuses. Et, tout
logiquement, ce furent ces questions qui occupèrent presque entièrement les débats de la
matinée. D'autant qu'une délégation de ces cultivateurs avait été invitée à y assister.
Aux grands maux, les grands remèdes : Dominique Bussereau ressort donc le vieux dossier du
barrage de la Trézence que le Conseil d'État a enterré voici dix ans. « Mais il faudra lui trouver
un autre nom », suggère le président, qui craint que cette appellation de Trézence ne rappelle
trop aux magistrats l'ancien projet et que les mêmes causes produisent les mêmes effets : le
rejet par la juridiction administrative. « Il nous faut imaginer une retenue différente et prenant
soin d'éviter les écueils de la dernière fois. »
Trop de tourbeC'est notamment le sol tourbeux altérant la qualité de l'eau stockée qui était en cause. « Il
faudrait donc enlever la tourbe. Mais cela ne va pas être simple. J'ai fait le calcul ;
il
faudrait 2,7 millions de semi-remorques pour en venir à bout », remarque Bernard Rochet,
élu de Tonnay-Boutonne.
Poussé par les sécheresses à répétition, la colère des agriculteurs et l'inquiétude des
ostréiculteurs, le Département va donc remonter le dossier dont on ne doit pas prononcer le
nom », ironise Mickaël Vallet, conseiller général de Marennes.
Une grosse retenue et une ribambelle de petites : ces fameuses « bassines », qui font couler
tant d'encre, remplissent les rôles des tribunaux administratifs et divisent le monde politique
depuis des années. Elles furent encore sujet de discorde hier alors que, pourtant, un
compromis semble trouvé entre les différentes parties du débat :
oui aux retenues s'il y a
financement public, gestion publique et si elles ne se remplissent qu'avec le surplus d'eau de
pluie. Michel Doublet (UMP, Saint-Porchaire) annonce pour cela la création d'un syndicat mixte
d'irrigation. Jean-Yves Martin (PRG, Saint-Jean-d'Angély) se réjouit que
ces bassines soient
imaginées sous maîtrise d'ouvrage publique et que l'eau soit vendue aux irrigants.
Gestion publique de l'eau Tout aurait donc pu être au mieux dans le meilleur des mondes, mais la politique s'en est
mêlée. Dominique Bussereau s'en est pris vertement à la Région sur la question des retenues
et notamment à son vice-président, le radical de gauche Benoît Biteau, accusé par la droite
d'être un anti-bassines systématique.
« Faux. Il n'est pas contre les réserves. Il pose seulement des préalables comme la gestion
publique de l'eau. Si ces préalables sont respectés, la Région financera », affirme Jean-Yves
Martin.
« Cette question devrait dépasser les clivages politiques. Ces discours démagogiques et
politiciens nous divisent », renchérit Pascal Ferchaud (PRG, Saujon) après que le président eut
lâché : « Le Conseil régional fait de la pub, nous on agit », et décoché une flèche aux « soi-
disant bien pensants de la terre » que seraient, selon lui, les écologistes.
Et, à entendre quelques élus de la majorité réclamant vite la réouverture de l'irrigation, la
sécheresse ne serait qu'un leurre.
« Je suis monté à la tour de Broue. Je peux vous dire qu'il y a de l'eau dans le marais de
Brouage » (Robert Chatelier, UMP, Saint-Agnant).
« Il y a de l'eau dans les marais et dans les rivières. C'est maintenant qu'il faut arroser »
(Daniel Laurent, UMP, Pons). Tout baigne, donc.