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Les pêcheurs se rebiffent Ils lancent une pétition pour sensibiliser à l'indispensable gestion de l'eau en Charente-Maritime
Gilles Brichet devant la Maine, affluent à sec de la Seugne. photo fédération de pêche
Eté pourri pour les touristes. Il a plu, trop plu pour les vacanciers. Mais pour les
rivières et les nappes de profondeur, ça n'a rien changé (lire également en pages 2 et 3). En
Charente-Maritime, au moins 400 kilomètres de cours d'eau sont asséchés depuis début
juillet. « Toute l'eau de pluie a été consommée par la végétation. Il n'y a eu que du
ruissellement, pas d'infiltration. Les nappes sont au plus bas », explique-t-on à la Fédération
départementale de pêche.
Avec un déficit printanier de précipitations gigantesque, 2011 restera une année noire pour les
ressources en eau. Face à cette situation désormais récurrente, Gilles Brichet, président de la
Fédération de pêche de Charente-Maritime a décidé de lancer une pétition en ligne (1)
baptisée « Ensemble sauvons les rivières de Charente-Maritime » et destinée à sensibiliser le
plus grand public possible à l'indispensable gestion de la ressource en eau. Avec 22 000
adhérents, la Fédération départementale pèse déjà son poids. Mais elle espère élargir son
influence à tous ceux que la préservation des milieux naturels préoccupe.
De l'eau salée dans le Curé « La Seudre est sinistrée sur l'ensemble de son linéaire. Tout comme l'Arnoult. Les affluents de
la Boutonne sont tous à sec mais le cours principal a encore un peu d'eau. La Seugne est à
sec par endroits, en eau à d'autres en fonction des affluents. Mais en amont de Jonzac, elle
est sinistrée. Le Curé est à sec en amont. Quant au Mignon, s'il donne encore, par endroits,
l'apparence d'être en eau, c'est par un apport en eau salée. Ce qui n'est pas franchement une
bonne solution pour la faune et la flore aquatique », indiquent les techniciens de la fédération.
Cet état des lieux remonte aux premiers jours d'août. Depuis, la situation n'a fait qu'empirer. «
On est au niveau le plus bas de 2010, mais avec un mois d'avance ».
Pour Gilles Brichet, il n'y a plus d'année exceptionnelle : « Sécheresse ou pas, tous les ans on
se retrouve avec près de 500 kilomètres d'assecs dans les rivières. Pour certains cours d'eau
plus fragiles, cela va de juin à novembre. » Plus question donc d'accuser la seule météo, le
réchauffement de la planète ou la mondialisation. Pour les pêcheurs de Charente-Maritime, il y
a un manque d'anticipation des pouvoirs publics dans la gestion de l'eau et notamment dans
les arrêtés de restriction de prélèvement. « Il a été défini un débit d'objectif d'étiage, valeur
au-dessus de laquelle est assurée la coexistence normale de tous les usages. Il devrait être
garanti chaque année en période d'étiage. Or, à l'heure actuelle, on ne tient compte que du
débit de crise qui définit le seuil à partir duquel l'alimentation en eau potable et la survie des
espèces présentes dans le milieu aquatique sont en péril. »
Selon Gilles Brichet, cette sonnette d'alarme est tirée beaucoup trop tard.
(1)
http://www.peche17.org